Etre un artisan de paix

«Heureux ceux qui répandent autour d’eux la paix car Dieu les reconnaîtra comme ses fils» (Mt 5:9)

Quel genre de chrétien êtes-vous au travail ? Dieu nous a donné des caractères différents et nous ne sommes certainement pas tous les mêmes dans nos relations professionnelles : réservés et calmes pour certains, plus sociables pour d’autres, voire de vrais boute-en-train pour quelques-uns ! Peu importe ! Dieu ne nous impose pas un comportement standardisé et il y a de la place pour être nous-mêmes au travail. Cependant, quelle atmosphère créons-nous autour de nous ? Cette ambiance que nous suscitons, permet-elle à nos collègues de « goûter » à quelque chose de Dieu, et en particulier sa paix ?

Les prêtres de la Nouvelle Alliance sont des artisans de paix. Pourquoi ? Parce que le Seigneur nous a mandaté pour un «ministère de réconciliation» (2Cor 5:18-19), impensable sans dispenser la paix. La paix est un fruit de l’Esprit (Gal 5:22), elle appartient à la nature même de Dieu. Nous adorons le Dieu de paix (Heb 13:20) et Jésus, le « Prince de la paix » (Es 9:6-7) nous  donne sa paix (Jn 14:27). La paix se situe à un niveau élevé dans l’agenda de Dieu.

Apporter la paix est la nature même de notre ministère de réconciliation entre Dieu et les hommes. Et nous-mêmes, en tant que prêtres de la Nouvelle Alliance, sommes des ambassadeurs de justice et de paix. C’est la signification même du nom de Melchisédech, le grand-prêtre dont nous sommes les héritiers (Hb 7:22).  Être un artisan de paix est donc d’une importance capitale dans notre mission de prêtre sur notre lieu de travail. Nous allons, dans cet article, en présenter, trois dimensions indissociables pour être, à notre tour des artisans de paix. 

1° dimension : Etre nous-même en paix avec Dieu

En acceptant le sacrifice de Jésus pour le pardon de nos fautes, nous avons ‘fait la paix’ avec Dieu. Cette paix acquise par la foi est un acte légal, juridique : la justice de Dieu a été satisfaite à la croix et l’acte de condamnation qui pesait contre nous a été détruit.

« Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ » (Rm 5:1)

Cette dimension légale de notre réconciliation avec Dieu n’est cependant pas tout le plan de Dieu pour nous. Dieu ne se contente pas de ‘faire’ une paix légale avec nous ; il souhaite nous voir «être en paix» avec Lui, dans une relation de confiance, d’obéissance et de sainteté. C’est la nature même de notre Dieu de paix qui l’impose :

« Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé irrépréhensible, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ ! Celui qui vous a appelés est fidèle, et c’est lui qui le fera» (1Thess 5:23-24)

Cela ne veut pas dire que les prêtres soient parfaits mais qu’ils sont dans une recherche persévérante de la sainteté, ajustant leurs motivations, leurs pensées, leurs comportements à ce que Dieu attend. L’envie, l’orgueil, la paresse, le commérage, la persécution, la manipulation, l’amertume, la malhonnêteté … ne sont pas compatibles avec notre statut d’enfant de Dieu. Au contraire, nous serons prompts à nous repentir, demandant à Dieu de corriger en nous ce qui présente une image distordue de Lui afin que tout en nous – notre âme, notre corps et notre esprit – grandisse jour après jour à son image.

Impossible ? Par nos propres efforts, sûrement ! Mais le texte de 1 Thessaloniciens lu plus haut nous rassure : Dieu ne s’attend pas à ce que nous le fassions par nos propres forces. «Celui qui nous a appelés est fidèle, et c’est lui qui le fera !» (1Thes 5:24)

Avez-vous ‘fait’ la paix avec Dieu ?

Recherchez-vous de façon persévérante à ‘être en paix’ avec Lui ?

2° dimension  : Mettre la poutre avant la paille

« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère. » (Mat 7:3-5)

Quel collaborateur êtes-vous ?

L’une des dimensions les plus importantes de la vie professionnelle est celle qui touche aux relations interpersonnelles. Pour se développer, tout business a besoin d’établir des relations de confiance et d’intégrité, entre collaborateurs, entre partenaires mais aussi avec ses clients. Et pourtant …. Combien de projets d’entreprises avortent suite à des conflits entre collaborateurs ou à cause de suspicion envers des partenaires ? Le péché de l’homme est à l’œuvre dans le monde professionnel mais il ne doit pas passer par nous !

Notre marche de sanctification doit se vérifier dans nos relations interpersonnelles. En effet, la Bible nous enseigne qu’il est impossible de dire que nous aimons Dieu si nous n’aimons pas nos frères (1 Jn 4:20). L’état de nos relations interpersonnelles est un miroir de l’état de notre relation avec Dieu. C’est pourquoi, tout comme nous recherchons à grandir en sainteté, devrons-nous aussi faire tout notre possible, pour vivre en paix avec tous les hommes (Heb 12:14). Et ce verset est formel : ce n’est qu’ainsi qu’ils pourront « voir » le Seigneur en percevant à travers nous, son amour inconditionnel !

Un chemin aux conséquences vertigineuses

Ce principe de rechercher la paix avec tous est simple et pourtant son application est vertigineuse ! Peu de choses seront plus couteuses pour notre égoïsme personnel …
Ne pas se jeter dans les ragots du bureau, ne pas se venger par un propos assassin, ne pas faire de grève du zèle par rancune, ne pas voir systématiquement le côté négatif des choses mais donner du crédit à l’avis de l’autre, ne pas dénigrer le travail du collègue pour exister soi-même … et vous pouvez continuer la liste ! Dans tout conflit ou avant toute altercation, il nous faudra apprendre, avant de réagir, à sonder d’abord nos motivations personnelles afin de vérifier si notre mauvaise humeur ne vient pas d’une attitude dévoyée, comme une ambition mal placée, une impatience, un manque de tolérance ….

Et s’il est vrai que du tort a été commis, nous devrons encore être prêt à pardonner … ce qui peut être un exercice très difficile mais qui pour sûr, est vraiment une marque de notre identité commune avec Christ. (Lc 23:34)

Je suis à peu près sûre que plein d’exemples émergent de votre situation professionnelle alors que vous lisez ces lignes. Comment faire preuve de grâce envers ce collègue toujours en retard, si peu fiable dans son travail et qui pourtant, se fait si souvent mousser auprès de la hiérarchie ? Comment apprécier ce manager si distant, inconsistant dans ses directives et qui ne cherche qu’a gravir les échelons en exploitant les résultats de mon travail ? Et pourtant …

Prier pour un manager injuste

La vie n’a pas toujours été facile pour moi non plus et je suis du genre plutôt rancunier. Notre manager était une jeune femme orgueilleuse avec un comportement très hautain. Elle se rendait très souvent inaccessible, et nous faisait ressentir son autorité en nous demandant sans cesse de recommencer, bien sûr sans jamais aucun remerciement pour le travail accompli ! Depuis sa nomination, les relations au sein de notre équipe s’étaient tendues, la légèreté avait disparu : tout le monde rongeait son frein et essayait de faire face. L’évitement, la perte de collaboration entre nous mais aussi la médisance se propageaient. Petit à petit, nous devenions tous plus ou moins convaincus qu’elle menait notre service à sa perte.

Comme les autres, je souffrais de ce comportement et comme les autres, j’ai essayé de faire face ‘à ma façon’, en la court-circuitant ou en condamnant oralement ses choix avec les collègues. Jusqu’au au jour où le Seigneur m’a reprise, à travers le passage de Romains 12 :9-14 et particulièrement le verset 14 :

«Demandez à Dieu de faire du bien à ceux qui vous persécutent : oui, demandez du bien pour eux, ne demandez pas du mal». Rm 12:14

Mais aussi les versets 20 et 21 du même chapitre :

«Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en agissant ainsi, ce sont des charbons ardents que tu amasseras sur sa tête. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien.» (Rm 12:20-21) 

Je devais donc prier pour elle en demandant à Dieu de la bénir ! Pas juste du bout des lèvres mais vraiment, rechercher son bien… Changer mon regard et laisser Dieu agir en lâchant prise ! Demander pardon à Dieu pour la dureté de mon cœur qui avait cherché à se défendre avec les armes du monde et le laisser lui-même transformer les choses. Peu à peu, alors que je priais selon ce que Dieu m’avait demandé, mon regard sur ce manager despotique a commencé à changer. J’ai grandi en empathie, j’ai perçu ses fragilités et son manque d’assurance face à ses collaborateurs. Mon regard est devenu moins dur, plus compatissant et mon comportement envers elle s’est mis aussi à évoluer : j’étais moins sur la défensive, je recherchais davantage le dialogue avec elle et surtout je développais une parole plus bienveillante à son égard vis-à-vis de mes collègues. Donc, l’atmosphère au sein du service lui-même a commencé lui aussi à évoluer. Les choses ne sont pas devenues merveilleuses tout de suite, comme par un coup de baguette magique, mais j’ai été délivrée de la rancune, je pouvais travailler plus sereinement et confier à Dieu la qualité des relations à l’intérieur du service, en prenant ma juste part d’y être un «artisan de paix».

Exprimer sa confiance et reconnaître ses torts

Un autre exemple concerne Frédéric*, un des membres du groupe C-PROACTIF de notre communauté. Alors qu’il parlait ce jour-là de la façon dont il avait vécu son dernier bilan annuel, il devint évident pour tout le groupe que Frédéric faisait de la résistance au changement et communiquait à son manager qu’il ne voulait pas évoluer. En effet, il était convaincu de n’avoir rien à apprendre de ce jeune manager, tout juste nommé, de 20 ans son cadet et qui était loin de posséder toute son expérience professionnelle !

Mis en face de son orgueil, Frédéric s’est laissé convaincre par le Seigneur et a décidé d’agir. Il est retourné voir son manager. Il s’est excusé pour son inflexibilité. Il lui a dit, qu’en effet, même s’il se sentait bien dans son poste actuel, il était prêt à évoluer selon les besoins du service. Il lui a aussi exprimé sa confiance sur sa façon de diriger et lui a souhaité de réussir dans ce nouveau poste. Résultat ? Le manager très touché l’a remercié et lui a dit que non seulement il appréciait son travail mais que lui aussi, en tant que jeune manager, avait besoin de personnes comme lui dans son service, afin de l’aider à bien assumer sa fonction. « J’ai moi aussi besoin d’apprendre, alors n’hésitez pas à venir me dire quand je fais quelque chose d’inapproprié.»

En l’espace de quelques semaines, l’atmosphère dans ce service avait évolué ! Plus de considération mutuelle, plus de transparence, plus de solidarité … et sans doute, plus de plaisir à travailler ensemble ! En reconnaissant ses torts et en agissant pour les réparer, Frédéric était devenu lui aussi «un artisan de paix ».

* prénom d’emprunt pour respecter sa confidentialité

3° dimension  : La médiation entre collègues

La vie professionnelle est sans cesse émaillée de conflits interpersonnels : pour des questions de méthodes de travail, de préservation de son territoire, de qualité du travail accompli, de promesses non tenues … mais aussi tout simplement de caractères. Ces conflits interpersonnels minent les relations entre collègues et sont l’une des sources principales de l’inefficacité d’une équipe, du repli sur soi, de la perte d’intérêt et du mal-être au travail.

La bonne nouvelle est que le Seigneur nous a placé là où nous sommes pour y être des artisans de paix ! La médiation de conflits est une compétence importante, que nous pouvons tous apprendre en suivant des formations adaptées sur l’intelligence émotionnelle, l’analyse transactionnelle ou la PNL. Ces différentes techniques vous donneront des clefs de compréhension importantes des divers mécanismes en jeu dans un conflit et surtout des outils pour les désamorcer.

Mais rien ne remplace la prière et le pilotage du Saint-Esprit. Quelle que soit notre position dans la chaine hiérarchique, nous pouvons tous être un acteur de changement dans nos services. Il suffit parfois de toutes petites choses, d’un regard, d’une parole ou d’un silence pour transformer l’atmosphère d’un lieu.  Que le Seigneur nous inspire ces comportements adaptés et rappelons-nous de Joseph, qui même en tant que prisonnier, a réussi à transformer le climat relationnel de son contexte carcéral parce que Dieu le fortifiait ! (Gn 39:21-23).

Soyons des artisans de paix 

Nous sommes tous importants car nous sommes les prêtres de la Nouvelle Alliance, mandatés en Son nom, pour y être ses ambassadeurs. Le Seigneur veut nous investir dans notre fonction et nous donner les moyens de l’assumer.

C’est pourquoi, prions pour nos collègues, particulièrement pour ceux qui sont en souffrance. Demandons au Seigneur de les bénir et prions pour savoir quand et comment agir envers eux avec discernement. Le Seigneur nous a équipé de dons spirituels pour le faire. Il est temps de les mettre en œuvre !

Il peut s’agir de renforcer la confiance en soi d’un collègue, de réattribuer le mérite d’une tâche à son vrai créateur, d’être à l’écoute de l’autre, de nous faire l’avocat d’un collègue injustement traité … Ces interventions ne seront acceptées qui si notre propre comportement est ajusté à ce que nous préconisons et que nous vivons pour nous-mêmes ce que nous recommandons aux autres ! « Être » un artisan de paix ne consiste pas à ‘donner des leçons’ mais à cheminer avec les autres, d’une façon vigilante et bienveillante afin de les éclairer avec ce que nous avons reçus pour eux.

Le Seigneur vous montrera les mille et une manières dont il veut vous utiliser pour faire connaître sa miséricorde à ceux qui travaillent à vos côtés. Restez juste à Son écoute, soyez disponibles et remplis du Saint-Esprit afin que votre comportement soit aligné avec ce que Dieu attend. Et vous verrez ce qu’Il a en réserve pour vous, pour bénir et transformer votre environnement professionnel.

POUR APPROFONDIR SEUL – OU MIEUX – EN PETITS GROUPES

Voici quelques questions pour vous aider à approfondir cet enseignement seul ou en petit groupe :

La paix avec Dieu

  • Quelle différence faites-vous entre «faire la paix » avec Dieu (Rm 5 :1) et «être en paix» avec Dieu (1Thess 5:23-24) ?
  • A quelles conditions pouvons-nous «être en paix» avec Dieu ? Qu’est-cela implique de nous ?
  • Pourquoi «être en paix» avec Dieu est-il le socle indispensable pour nous permettre de devenir des artisans de paix sur nos lieux de travail ?

La poutre et la paille (Mat 7 : 3-5)

  • «L’état de nos relations interpersonnelles est un miroir de l’état de notre relation avec Dieu». Que pensez-vous de cette déclaration ?
  • Comment sont vos relations interpersonnelles sur votre lieu de travail ? En quoi en êtes-vous l’artisan ?
  • Le Seigneur vous a-t-il déjà repris par rapport à une situation professionnelle où votre comportement n’était pas ajusté à ses commandements ? Qu’avez-vous appris de cette expérience ?
  • Quels sont les domaines de votre vie professionnelle où vous avez encore besoin de transformation au niveau de vos motivations ou de votre comportement ?

Être un artisan de paix

  • En quoi le mot « artisan » vous parait-il approprié à la fonction que le Seigneur nous confie dans nos sphères professionnelles et à la façon de la mettre en œuvre ?
  • Quelle mission particulière le Seigneur vous donne-t-il sur votre lieu de travail en tant qu’artisan de paix :
    Quel est le climat relationnel au sein de votre service ?
    De quoi vos relations professionnelles ont-elles particulièrement besoin ?
    Comment pouvez-vous vous préparer, émotionnellement et spirituellement pour y répondre ?

Prière en binôme :

  • Priez pour les différents besoins de croissance personnelle que cette discussion aura mis en évidence afin de vous permettre d’être un artisan de paix ;
  • Prier pour les personnes de votre service que vous avez mentionnées durant vos échanges. Osez demander des choses spécifiques et précises. Le Seigneur honore la foi de ses enfants.

Soyez prêts, lors de la prochaine rencontre, à partager avec le groupe, ce que le Seigneur vous aura permis de vivre dans l’intervalle.

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