Annoncer la Bonne Nouvelle

« Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! » 2 Cor 5:20

Quelle noble et difficile mission ! Annoncez la Bonne Nouvelle de réconciliation de l’homme avec Dieu est à la fois, la mission la plus élevée et la plus enthousiasmante qui ait jamais été donnée à un être humain ; et en même temps la plus difficile, la plus controversée, la plus mal maitrisée et aussi la plus dangereuse – pour notre réputation et dans certains pays pour notre existence même ! Et pourtant, s’il est bien une mission qui nous incombe au premier chef en tant que serviteurs et prêtres de la Nouvelle Alliance, c’est bien celle d’annoncer la Bonne Nouvelle ! Dieu nous a élus pour agir en ambassadeurs de la réconciliation.

Le monde du travail n’échappe pas à ce mandat. Nous avons vu tout au long de cette série les différentes missions que le Seigneur nous confie dans le cadre de notre «description de fonction» en tant que prêtres au service des hommes dans le monde du travail.

Voici la sixième, sans doute la plus exigeante mais aussi la raison d’être des 5 précédentes : Annoncer la Bonne Nouvelle. Il existe pas mal de clichés, d’idées préconçues sur le sujet qui font que beaucoup d’entre nous le vivent mal ou plus radicalement le refusent. Alors essayons d’y voir un peu plus clair et de le rendre plus abordable. 

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Vu l’abondance du sujet, nous le ferons dans le cadre de deux articles consécutifs :

  • Celui-ci répondra aux deux questions de base, à savoir 1. Pourquoi devons-nous annoncer la Bonne Nouvelle ? et 2. Jusqu’où sommes-nous en droit de le pratiquer dans notre contexte de travail ? 
  • L’article suivant (mettre le lien) s’intéressera quant à lui aux questions plus pratiques en répondant à la question 3. Comment le vivre au quotidien avec nos relations de travail ? 

Pourquoi annoncer l’Evangile ?

Un MUST non négociable

Le jour où nous avons accepté Jésus-Christ comme notre Sauveur et Seigneur, nous avons reçu une nouvelle identité, un nouveau Royaume, une quantité infinie de privilèges mais aussi un mandat : celui d’être Son ambassadeur parmi les hommes. Nous avons discuté en profondeur les différentes missions de ce mandat dans nos précédents articles que je vous invite à parcourir à nouveau avant de poursuivre celui-ci.

Si Dieu nous laisse cheminer ici-bas, alors que nous l’avons reçu c’est pour grandir en maturité spirituelle mais AUSSI pour faire grandir son Royaume en annonçant l’Evangile aux hommes et aux femmes de notre génération. Et cette annonce passe par la proclamation du message ! Pour être en capacité de recevoir la Bonne Nouvelle, les hommes et les femmes qui nous entourent doivent en avoir entendu parler :

« Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment en entendront-ils parler, s’il n’y a personne qui prêche ? » Rom 10:14

Mais attention, plusieurs clichés ou idées fausses sont à combattre à ce niveau :

Ne pas confondre ‘témoignage’ et ‘prédication’

Nous entendons parfois dire : «La proclamation est une prédication et moi je ne me sens pas appelé à prêcher.» Le mot grec utilisé dans Rom 10:14 et souvent traduit par ‘prêcher’ ou ‘proclamer’ ne veut pas dire se mettre en haut d’une tribune pour déclamer un message ex-cathedra mais tout simplement : ‘annoncer’, ‘faire entendre’, ‘expliciter’. Pour être en mesure d’accepter le message, nos auditeurs doivent en avoir entendu parler et avoir été en capacité de le comprendre. Donc notre message a besoin d’être expliqué avec des mots de tous les jours, compréhensibles dans notre société sécularisée ! Nous sommes appelés à témoigner, à raconter notre cheminement de foi, pas à prêcher du haut d’un pupitre ! Et cela, nous sommes tous en capacité de le faire dans le cadre de nos relations personnelles car nous sommes TOUS des ambassadeurs, réconciliés avec Dieu par l’œuvre de Jésus-Christ. En conséquence, nous avons TOUS un message de réconciliation dont nous pouvons témoigner !

Le témoignage ne peut se passer d’une annonce orale et explicite

Ils sont nombreux ceux qui déclarent : «Moi, c’est par ma vie que je témoigne». Les personnes qui tiennent ce discours ont raison, car oui, leur vie doit être un témoignage vivant d’une vie transformée par la Bonne Nouvelle ! Si leur vie n’est pas différente, si elle n’incarne pas les valeurs de l’Evangile, si les personnes qui les entourent ne perçoivent pas cette présence en elles de quelque chose de plus – le Saint-Esprit que, eux ne connaissent pas – alors, tous leurs discours seront vains car en dissonance avec le témoignage de leur vie. Mais là où elles ont tort, c’est quand elles pensent que le témoignage de leur vie – même exemplaire ! – suffit à amener une personne à Jésus-Christ. C’est un mensonge de l’ennemi à combattre avec fermeté car il empêche l’avancement du Royaume de Dieu. La Bible est très claire à ce sujet :

«La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ.» Rom 10:17

Nos proches doivent ‘entendre’ la Parole pour avoir la foi ! Ils doivent connaître la source de cette vie transformée que nous leur manifestons pour être en mesure d’y accéder aussi ! Et cette source, c’est Jésus-Christ, crucifié et ressuscité (1Cor 2:2). Notre mission est donc bien de ‘dire’ Jésus-Christ à nos proches, c’est à dire de leur expliquer la portée de sa vie, de sa mort et de sa résurrection ! Et notre message aura d’autant plus de poids que notre vie sera en cohérence avec ce que nous annonçons. La qualité de notre vie est le socle de notre témoignage. C’est elle qui donne de la légitimité à notre proclamation… mais elle n’est pas la proclamation elle-même ! Il ne peut y avoir ‘annonce de l’Evangile’ sans que celui-ci soit effectivement explicité !!

Nous sommes tous enrôlés dans cette proclamation

J’entends parfois certains chrétiens dire : «Cet appel ne me concerne pas ; je n’ai pas le don d’évangéliste.» Voilà une excuse facile pour s’amender de sa responsabilité ! Auriez-vous entendu parler d’ambassadeurs sans message à délivrer de la part de leurs responsables de gouvernement ? Nous sommes TOUS concernés, TOUS enrôlés pour annoncer le message de réconciliation à nos proches ! A notre échelle, à notre mesure … mais avec efficacité ! Le Seigneur nous a spécialement choisis pour porter du fruit (Jn 15:16) et c’est même à cela que nous nous reconnaîtrons comme ses disciples (Jn 15:8).

Les statistiques de croissance de l’Eglise en sont la démonstration : moins de 10% des nouveaux convertis sont issus de campagnes d’évangélisation alors que la majorité proviennent du témoignage donné dans le contexte de relations personnelles ! Nous sommes, chacun de nous, là où nous sommes au quotidien – et particulièrement dans notre sphère de travail – le fer de lance de la croissance de l’Eglise. Les serviteurs de Dieu à plein temps représentent moins de 1% des chrétiens de notre pays. Ils n’ont pas accès à nos collègues de travail, ils ne peuvent pas comprendre de l’intérieur les problématiques qui traversent nos secteurs professionnels. Ce n’est donc pas eux que le Seigneur appelle à ce travail mais nous, qui le vivons de l’intérieur ! Qui le fera si nous ne le faisons pas ? Nous sommes souvent la seule personne chrétienne que nos collègues de travail ou nos relations professionnelles auront jamais la chance de rencontrer !

Nous le ferons sous forme d’échanges informels mais suscités de façon intentionnelle. Nous verrons cela dans l’article suivant relatif au ‘Comment annoncer la Bonne Nouvelle’. Nos outils prioritaires seront le questionnement, les conversations amicales, les invitations à venir voir et entendre ce qu’ils ne connaissent pas encore. Progressivement, nous allons nourrir leur recherche à travers de la documentation (des sites, des livres…) ou des invitations à rejoindre un petit groupe ou un événement tout public dans une église.

Jusqu’où pouvons-nous annoncer la Bonne Nouvelle dans notre contexte de travail ?

Là encore, il peut être bénéfique de bien poser les choses. En effet, nombreux sont ceux qui, dans nos églises, séparent de façon radicale témoignage et travail avec un argument du genre : « Notre pays est un pays laïc. Témoigner au travail est interdit. » C’est vrai : le contexte de travail n’est pas un lieu de culte ni une place publique. Sa finalité n’est pas l’annonce de l’Evangile mais la production de biens et de services, destinés à servir la société et à faire tourner l’économie. Le contexte de travail n’est donc pas le lieu où faire du prosélytisme et réclamer des salles de prière !

Pour autant, le contexte de travail est un lieu où il est permis d’être soi-même, avec sa propre identité et ses convictions – et de les exprimer avec tact et douceur. Notamment dans le cadre de nos relations interpersonnelles où il est possible d’engager des conversations privées, d’être à l’écoute des points de vue de l’autre et de partager nos convictions. C’est déjà ce que nous recommandait l’apôtre Pierre, il y a 2000 ans (1 Pi 3:15). Cela s’appelle les libertés de conscience et d’expression et n’est pas interdit : il s’agit même de droits fondamentaux garantis par la Déclaration des Droits de l’Homme !

Dans sa série de brochures « Libre de le dire » créée par des juristes, le CNEF approfondit le système de laïcité dans lequel nous évoluons, afin d’identifier nos marges de manœuvre en termes d’expression de notre foi dans la sphère publique. Vous y découvrirez que la laïcité n’a pas été instaurée pour restreindre l’expression de la foi mais, au contraire, pour lui donner un cadre et la protéger ! Si vous n’en disposez pas encore, allez au plus vite acquérir la brochure «Libre de le dire au travail». Vous y découvrirez tous les espaces de liberté que la laïcité vous offre au travail, pour y être authentiquement vous-même, sans avoir à rogner sur vos convictions spirituelles ni sur leur expression.

En conclusion (provisoire)

Beaucoup d’idées préconçues circulent sur le bien-fondé du témoignage en entreprise. Les plus bloquantes ont été discutées dans cet article. Elles reposent le plus souvent sur une part de vérité, mais présentée d’une façon tellement stéréotypée qu’elle en devient un mensonge ! Et surtout une excuse facile pour ne pas nous engager !

Or le témoignage fait partie de notre mission intrinsèque d’ambassadeur de la réconciliation (2Cor 5:20). Les personnes qui nous entourent ont besoin d’entendre le message pour venir à la foi (Rom 10:7) et ont donc besoin d’une personne qui le leur annonce (Rom 10:14) ! Nous sommes le plus souvent ‘LA’ personne la mieux placée pour le faire car nous vivons une relation privilégiée et assez souvent durable avec elles. Chacun de nous est mandaté pour cette mission ! Serez-vous prêt à la vivre ?

POUR APPROFONDIR SEUL – OU MIEUX – EN PETITS GROUPES

Voici quelques questions pour vous aider à approfondir cet enseignement :

Tour de table

La question du témoignage est toujours un sujet sensible, particulièrement dans le cadre du travail. Quelle expérience en avez-vous ? Dans quels aspects du témoignage êtes-vous à l’aise ?
Qu’est-ce qui vous est difficile ? Pourquoi ? (Freins rencontrés)

Les droits et devoirs de la laïcité

Il serait bien de vous procurer le livret ‘Libre de le dire au travail’ édité par le CNEF pour aborder ce sujet de façon plus étayée. Comment comprenez-vous la loi sur la laïcité ? En quoi est-elle une protection de nos opinions et de notre droit d’expression ?

« Notre cadre de travail n’est pas une place publique ni un lieu de culte. En conséquence, il est interdit d’y faire de la prédication ou du prosélytisme ». Quelle est la frontière entre prosélytisme et témoignage ? Quels espaces de liberté nous donne la laïcité pour donner un témoignage sur notre lieu de travail ? Les utilisez-vous ?

L’importance de « dire » la Bonne Nouvelle

Pourquoi le témoignage d’une vie vécue de façon exemplaire ne suffit-il pas à annoncer l’Evangile ? (Rom 10:14). Qu’est-ce que la vie vécue ne dit pas et qui est pourtant nécessaire à présenter à nos auditeurs pour leur donner une chance d’être réconciliés avec Dieu ?

Nous sommes porteurs d’un message de réconciliation de Dieu avec les hommes. Quelles sont les informations indispensables à inclure dans ce message (1 Cor 2:2) ? Par groupe de deux, rédigez un texte de 4 lignes, compréhensible par tous, qui présente les points essentiels de ce message. Après 5 minutes, partagez vos productions et retenez le texte le plus abouti – soit directement celui d’un binôme soit, un texte reconstruit par le groupe élargi à partir des contributions des différents binômes. Ce texte est à retenir car il fera partie de vos éléments de langage dans vos conversations avec vos collègues.

Aligner les paroles et les actes

Nous avons souligné l’importance de ‘dire’ la Bonne Nouvelle comme un must incontournable de notre mission d’ambassadeurs. Mais nous devons gagner le droit d’être écouté ! Qu’est-ce qui donnera de la légitimité à nos paroles et les rendra audibles à nos auditeurs ?

Dans les précédents articles de cette série, nous avons passé en revue cinq autres missions du prêtre de la Nouvelle Alliance dans le cadre du travail. En quoi, chacune de ces cinq missions est-elle un socle indispensable pour asseoir et donner de la force à notre témoignage ?

En contrepartie, que se passerait-il si nous nous contentions des cinq premières missions et négligions le témoignage ?

Prendre conscience de votre situation stratégique vis-à-vis de vos relations professionnelles

Parmi vos collègues et relations de travail, combien sont déjà en contact avec d’autres chrétiens dans leur vie sociale ? Percevez-vous la position unique dans laquelle Dieu vous a placée pour apporter un témoignage dans ce contexte ?

Nous avons souvent tendance à procrastiner mais les relations professionnelles, même si elles sont à construire sur la durée, sont souvent éphémères. C’est maintenant, pendant que nous avons une relation privilégie et facile avec elles qu’il faut parler.

  • Qui sont les personnes auxquelles vous avez accès aujourd’hui dans votre contexte de travail ?
  • Quelles décisions allez-vous prendre pour leur présenter le message ?

Prière

Terminez par la prière, en demandant au Seigneur de renouveler vos pensées à propos de la pratique du témoignage dans votre contexte de travail. Confessez-lui vos craintes, vos réticences et demandez-lui de faire de vous des ambassadeurs aguerris qui sauront annoncer avec persuasion et simplicité le message de la Bonne Nouvelle.

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