Le travail est un mandat de Dieu

« Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, tout est vanité ! Que restera-t-il à l’homme de tout son labeur pour lequel il s’est donné tant de peine » (Ec 2:20-22). Ce constat si amère est largement partagé par les personnes au travail. Tant de nos activités semblent vaines, inutiles : des rapports qui ne seront jamais lus, des projets qui n’aboutissent pas, des activités qui ne font plus sens … Alors pourquoi se donner toute cette peine ? 

Et pourtant, il n’en était pas ainsi dans le plan originel de Dieu ! Nous avons vu dans un premier article que Dieu a institué le travail comme une source d’épanouissement pour l’homme mais là n’est pas toute l’histoire ! Dieu a mis en place le travail, pas uniquement pour le plaisir de l’homme mais aussi pour accomplir un objectif précis. Notre travail n’est pas vain dans le Seigneur ! Il répond à un mandat explicite qui fait des êtres humains les co-gérants de sa création ! C’est ce que nous allons développer dans cet article. 

champs cultivés

3 points à retenir des premiers chapitres de la Genèse sur notre mandat au travail :   

1. Notre mandat nous implique dans la création de Dieu 

 « L’Éternel Dieu, qui avait façonné du sol tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, les fit venir vers l’homme pour voir comment il les nommerait, afin que tout être vivant porte le nom que l’homme lui donnerait. L’homme donna donc un nom à tous les animaux domestiques, à tous les oiseaux du ciel et aux animaux sauvages » Gn 2 : 19-20 

Au moment où Dieu introduit l’homme et la femme sur terre, le jardin est fonctionnel : le ciel, la terre, la mer, les étoiles et le soleil, les plantes, les animaux, tout fonctionne et est admirablement réglé. Mais la création originelle n’a pas pour vocation à rester statique ! Elle est faite pour l’homme et dès le départ, Dieu l’implique ! En lui confiant la lourde tâche de nommer les choses, il fait de lui un éthologue, un botaniste, un géologue…  Quel formidable terrain de jeu : il y a tant à découvrir, à trier et à classer ! Ce travail de nommage et de classification a donné lieu aux travaux scientifiques les plus structurants pour comprendre le fonctionnement de notre univers et il est encore loin d’être terminé ! On estime aujourd’hui que sur les centaines de milliers d’insectes existant sur la planète, seule une toute petite fraction a été inventoriée ! L’homme du XXIe siècle est toujours en train de nommer les différentes espèces de la création ! 

2. Notre mandat est de poursuivre l’œuvre créationnelle de Dieu 

Après avoir créé l’homme et la femme, Dieu les plaça dans le jardin et leur dit : 

« Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre, rendez-vous en maîtres, et dominez les poissons des mers, les oiseaux du ciel et tous les reptiles et les insectes » Gn 1:28. 

Éden, un chef d’oeuvre en évolution

Le jardin était parfait mais pas statique ni immobile. L’homme avait pour mandat de le faire évoluer, de le maîtriser au fur et à mesure du développement de l’espèce humaine et de ses besoins de nourriture, de protection, de déplacement. Dieu a remis sa création entre les mains de l’espèce humaine et lui a donné la tâche de la gérer. Un gestionnaire est quelqu’un qui manage les affaires de son propriétaire et qui, en le faisant, en tire pour lui-même son moyen de subsistance. Ainsi, si mon travail est une façon de poursuivre le travail créationnel de Dieu, la question pour nous est : de quoi, de qui mon travail prend-il soin ? En quoi poursuit-il le travail créationnel de Dieu ? Le jardin originel, mis à la disposition de l’homme est comme une « mise de fond de départ » que Dieu s’attend à voir fructifier par le travail de l’homme. La parabole des talents rapportée par Jésus en donne un écho intéressant (Mt 25:14-30) en ce sens qu’elle réprimande durement celui qui enferme son talent et ne le fait pas fructifier.  

Comment poursuivre ce travail ?

Et la seconde question est :  comment veut-il que nous le poursuivions ? Vers quoi souhaite-t-il voir sa création évoluer ? Le jardin originel n’est pas la fin de l’Histoire ! Celle-ci sera accomplie lorsque la Nouvelle Jérusalem fera son apparition et celle-ci, une ville, sera bien différente de la création de départ ! L’œuvre créationnelle de Dieu est donc toujours en cours et, Dieu, par ce mandat, nous invite à y prendre part ! Bien sûr, en tant qu’être humain, nous ne sommes pas comme Dieu capables de créer ex-nihilo mais comme Dieu, nous sommes appelés à innover, à prendre des initiatives, à mener à l’existence des choses qui n’existent pas encore. Ainsi, toutes les sciences et activités humaines qui nous permettent de connaître notre univers, de développer de nouvelles ressources, de maîtriser les éléments, de lutter contre les maladies… font partie intégrante du plan de Dieu car elles contribuent à remplir ce mandat de préservation et de développement. Le travail est donc « bon en lui-même », de façon intrinsèque, car il est totalement intégré au projet initial de Dieu pour sa création.  Quel réconfort de savoir que toute notre activité humaine, quelle qu’elle soit, participe à un mandat aussi vaste et que Dieu l’agrée ! 

3. Les buts que Dieu poursuit à travers notre travail  

Une lecture attentive du récit originel de la création montre que selon Dieu tout travail poursuit l’un ou l’autre de ces quatre objectifs : 

la production de biens et de services :

Au début, la terre était informe et vide, il n’y avait que ténèbres au-dessus de l’abîme (Gn 1 :2). Mais quelques jours plus tard, la terre est remplie de toutes espèces de plantes et d’animaux marins et terrestres. Cela concerne donc toutes les activités liées à la production manufacturière, agricole, mais aussi à la mise en place de tous types de services physiques ou intellectuels.

de l’ordre, de la gestion :

Dieu organise les espaces (la terre, le ciel et la mer) et le temps (le soleil pour présider aux jours, la lune et les étoiles pour présider aux nuits).  Toutes les activités professionnelles liées à l’organisation de la société et son contrôle comme les services administratifs, la justice, la police, etc… entrent dans cet objectif.

– de la beauté et de la joie :

il est intéressant de noter que la création se passe dans une ambiance jubilatoire ! À chaque étape, Dieu s’arrête et constate que « cela est bon » !  Ces deux derniers objectifs liés à notre activité professionnelle sont importants aussi. Le travail pour Dieu n’a pas comme seule vocation de produire des biens matériels et de l’ordre mais aussi de la beauté et de la joie. Tous les métiers artistiques et de divertissement  sont aussi importants pour Dieu et Il les valorise ! L’homme est un être sensible doté d’une âme qui a besoin de beauté et de joie pour vivre de façon harmonieuse. C’est aussi dans la beauté et la joie que notre âme peut rencontrer Dieu ! 

Notre Dieu est foisonnant dans tout ce qu’Il crée. La diversité et la complexité ne lui font pas peur et Il donne à chaque dimension de notre travail une place de choix, en synergie avec les autres. 

En conclusion

En tant qu’êtres humains, nous ne sommes souvent pas capables d’apporter toutes ces dimensions en même temps à notre travail mais toutes ces dimensions sont également importantes aux yeux de Dieu. La conséquence est que toutes nos activités humaines (qu’elles soient artisanales, scientifiques, industrielles, artistiques …) sont toutes aussi nobles aux yeux de Dieu. Et que, contrairement à ce que pouvait penser Aristote, le travail n’est pas juste un pis-aller à accepter pour nous nourrir ou à déprécier car il n’est pas spirituel ! Le monde matériel compte aussi pour notre Dieu. Aucun travail n’est dégradant ou à déprécier au regard des autres : tout travail prouve que la création est bonne. Tout travail fait sens et a une utilité sociale – aucun travail n’est secondaire et nous pouvons en être fier !  

POUR APPROFONDIR SEUL – OU MIEUX – EN PETITS GROUPES

Discussion : 

Voici quelques questions pour vous aider à approfondir cet enseignement seul ou en petit groupe :

– A quoi votre travail sert-il ? en quoi participe-t-il au mandat de Dieu pour poursuivre son œuvre de créateur ? Procure-t-il des biens, des ressources, de l’ordre, de la beauté ou de la joie ? 

En parallèle, y-a-t-il quelque chose d’indigne, de non conforme aux objectifs initiaux de Dieu dans votre activité professionnelle ? Comment réagir face à ces aspects-là ? Pensez-vous pouvoir le réformer ?  

Au regard de ces vérités bibliques, vous semble-t-il juste de différencier les activités spirituelles des activités matérielles ? Pourquoi ? Comment devriez-vous considérer votre travail ? Le travail des autres ? Y-a-t-il des activités professionnelles que vous aviez jusque-là dépréciées et qui seraient à reconsidérer ?

  Sur quelle base devrions-nous choisir notre activité professionnelle ? Pour les services qu’elle crée ? Pour la considération ou le statut social qu’elle apporte ? Pour le plaisir qu’elle procure ?  Pour les dons qu’elle nous permet d’utiliser ? 

Application :

Remerciez Dieu pour le mandat qu’il vous donne à accomplir sur terre par votre travail.  Nommez les choses que cela vous permet d’apporter à la société et demandez-lui de vous en donner la volonté et la force pour le faire du mieux possible, à sa gloire. 

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