Nous prions pour la vie – Jour 1

Aujourd’hui nous prions pour les médecins et le corps medical 

« L’homme n’est pas maître de son souffle pour pouvoir le retenir, et il n’a aucune puissance sur le jour de la mort ; il n’y a point de délivrance dans ce combat, et la méchanceté ne saurait sauver les méchants. » Ecc 8 :8

La situation

Les médecins et le corps médical dans son ensemble sont les premiers concernés par ce projet de loi, car ce sont eux qui font face à la plupart des situations de fin de vie, situations souvent complexes et douloureuses qu’ils doivent gérer en accompagnant le patient et son entourage.
Ces situations de fin de vie sont actuellement régies par deux lois : la loi Léonetti (2005), revue et amendée par la loi Claeys-Leonetti (2016). 

Ces lois imposent aux médecins d’empêcher tout acharnement thérapeutique. Elles incitent à développer l’accès aux soins palliatifs, qui ont pour but de soulager la douleur, d’apaiser la souffrance psychique, de sauvegarder la dignité de la personne malade et de soutenir son entourage. Elles donnent au patient la liberté de refuser des soins même vitaux. Elles demandent aux médecins de respecter les volontés du patient, inscrites dans ses «directives anticipées» et transmises à sa «personne de confiance » (Cf la Fiche repère du CPDH)

Le projet de loi en cours prétend donner une plus grande autonomie à la personne en lui permettant de choisir elle-même les modalités de sa mort, avant même qu’elle ne se trouve en situation de fin de vie. En effet les lois en vigueur ne peuvent être appliquées que «dans les seuls cas où la mort doit intervenir à brève échéance, empêchant ainsi de nombreux patients de choisir leur fin de vie en amont de la dégradation de celle ci. Cette technique ne permet pas de donner au patient le choix de sa mort.» Ainsi le projet de loi s’adresse à ceux qui veulent mourir alors qu’ils ne sont pas encore en fin de vie et elle demande au corps médical de les assister dans ce choix de mourir.

Récapitulons ces différences sous forme de tableau : 

La loi actuelle autorise : La loi actuelle interdit: Le projet de loi à venir propose :
  • Garantit l’accès aux soins palliatifs pour tous
  • Droit du patient à refuser des soins même vitaux
  • Respect des volontés du patient exprimées dans ses directives anticipée
  • Médiation possible par la personne de confiance
  • Dans certaines situations de fin de vie à court terme, possibilité d’une sédation profonde et continue jusqu’au décès.
  • L’euthanasie active, assimilée à un homicide volontaire condamné par le code pénal
  • le suicide assisté (donner les moyens au patient de mettre fin à sa vie)
  • de légaliser le suicide assisté (« aide active à mourir ») en autorisant le médecin à donner au patient les moyens de mettre fin lui-même à sa vie, avec son assistance
  • Ceci même en dehors d’une situation de fin de vie, dans la mesure où la personne estime que ses souffrances physiques ou psychiques sont devenues insupportables

Dans le nouveau projet de loi, le droit de demander une assistance à mourir sera activable pour « toute personne majeure et capable, telle que définie par les articles 1145 et 1150 du code civil, en phase avancée ou terminale, même en l’absence de diagnostic de décès à brève échéance, qui se trouve dans une situation d’affection accidentelle ou pathologique avérée, grave, incurable et/ou à tendance invalidante et incurable, lui infligeant une souffrance physique ou psychique qu’elle juge insupportable ou la plaçant dans un état de forte dépendance qu’elle estime incompatible avec sa dignité».

Qu’en pensent les médecins ?  

L’acte de mort intentionnellement donnée ne peut être considérée comme un soin

 La Société Française d’Accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) a mené l’enquête auprès des acteurs de soins palliatifs (médecins, infirmiers, aides-soignants, professionnels de santé) et des bénévoles afin de comprendre leurs attentes, leurs craintes et de les partager avec l’opinion publique. En voici les principaux résultats.

Selon ce sondage OpinionWay paru en octobre 2022, les médecins  refusent d’être les acteurs de la mort administrée :

  • 90% des acteurs de soins palliatifs déclarent être satisfaits du cadre légal actuel 
  • 85% des acteurs de soins déclarent être défavorables à l’idée de provoquer intentionnellement la mort. Ils sont 83% à déclarer que ce type de geste ne peut être considéré comme un soin !
  • Au-delà du monde soignant, la communauté des bénévoles impliqués en soins palliatifs partage les mêmes appréhensions et la même opposition. 86% d’entre eux estiment que l’acte de mort intentionnellement provoqué ne peut être considéré comme un soin.

Selon Claire Fourcade, Présidente de la SFAP , « le monde des soins palliatifs rejette massivement ce chemin qui ne correspond pas à l’esprit et à la pratique de ce que la France a construit de manière consensuelle au cours des dernières décennies ».

L’Académie de Médecine, de son côté, trouve inutile une évolution législative tant que les conditions préalables n’ont pas été réunies :

  • Une formation approfondie sur la fin de vie pour toutes les catégories de professionnels de santé.
  • Une information objective et détaillée du public sur la législation en vigueur.
  • Une évaluation rigoureuse de l’application des dispositions en place soit réalisée, notamment afin de savoir si ces dispositions permettent de faire face à toutes les situations des personnes en fin de vie.

Prions pour les médecins et le corps médical 

Méditation

Lisons la parabole du Bon Samaritain – Luc 10 : 25-37

Dans cette parabole, Jésus nous exhorte à ne pas détourner les yeux de celui qui souffre mais de s’arrêter à son chevet, de le prendre en charge tout le temps nécessaire et avec tous les moyens nécessaires. C’est exactement ce que la majorité des médecins se sont promis de faire lorsqu’ils ont prêté leur serment d’Hippocrate. Un médecin soigne…

C’est pourquoi prions :  

  • Pour les soignants concernés plus particulièrement par ces problématiques (médecins et soignants de soins palliatifs mais aussi oncologues, anesthésistes, urgentistes, gériatres…) : qu’ils trouvent des forces renouvelées, un esprit clair, de l’empathie et de la sagesse pour faire face aux situations difficiles qu’ils doivent affronter au jour le jour face à la fin de vie.
  • Pour que les médecins se mobilisent de façon visible et massive et refusent ouvertement d’aller contre leur vocation de soigner qui s’est concrétisée lors de leur serment d’Hippocrate.
  • Pour l’unité entre les diverses corporations de médecins afin qu’ils parviennent à émettre ensemble une adresse claire et solide au gouvernement, capable de lui démontrer sa dérive.
  • Pour qu’ils puissent se mobiliser de manière efficace dans les réseaux sociaux, les radios, la télévision, afin qu’on les entende et qu’ils ne laissent pas la place libre à la seule voix de l’ADMD.  
  • Pour qu’ils trouvent des relais (tels que la SFAP) pour se faire entendre dans l’opinion publique et les pouvoirs publics et que leur avis soit respecté.
  • Pour que les lois de notre pays leur procurent la fierté de pouvoir soigner et de prendre soin, et non pas de concourir à un suicide assisté, au mépris de la dignité humaine.  Qu’ils renoncent à une médecine motivée par un enrichissement personnel ou la performance  technique à tout prix,  pour retrouver la dimension humaine première de leur vocation.